Vous allez avoir une thyroïdectomie, intervention chirurgicale de la glande thyroïdienne. Il s’agit d’une intervention programmée courante dont nous vous exposons ici les principes. Que dois-je faire à la maison avant l’intervention ?Avant l’intervention, il faut vous assurer que vous avez bien arrêté tout traitement qui pourrait gêner la chirurgie, notamment les anticoagulants, selon les consignes du chirurgien et de l’anesthésiste.En fonction de la consultation d’anesthésie pré-opératoire, vous devrez arrêter certains médicaments (aspirine, anticoagulants…) dans des délais qui vous seront indiqués par le médecin anesthésiste et / ou le chirurgien. Comment me préparer avant l’intervention ?Vous serez hospitalisé la veille de l’opération, si celle-ci se déroule le matin. La préparation consiste en la vérification de votre dossier (identité, carte vitale, examens sanguins, imagerie).Vous prendrez une douche antiseptique (sans bétadine car celle-ci contient de l’iode et est contre-indiquée dans toute intervention touchant la thyroïde) éventuellement la veille, et le matin de l’opération. Si cette dernière se déroule le matin, vous serez à jeun depuis la veille au soir : à partir de minuit, vous ne devrez plus boire, manger ni fumer. Le jour même vous serez accompagné au bloc opératoire par un brancardier. Quelle équipe médicale va me prendre en charge ? Quand et à qui puis-je poser mes questions ?Vous serez pris en charge par l’infirmièr(e) qui complétera votre dossier lors de votre entrée à l’hôpital.Un(e) aide-soignant(e) vous assistera pour les soins (douche, préparation pour le bloc opératoire, tenue) et servira votre repas. L’anesthésiste qui vous endormira le lendemain viendra vérifier avec vous que tout est en ordre. Enfin, généralement, votre chirurgien passera vous voir pour s’assurer que vous êtes prêt pour l’intervention. En Hôpital Universitaire, des internes et étudiants hospitaliers vous prendront en charge sur le plan médical. Dans d’autres structures il peut y avoir des médecins de salle. Chaque membre de l’équipe est un interlocuteur à qui vous pourrez poser les questions qui pourraient encore vous préoccuper ou recueillir des précisions sur l’intervention et ses suites. J’ai passé des examens, dois-je les apporter ?Oui. Aucun examen d’imagerie n’est obligatoire avant une thyroïdectomie. Cependant, un scanner, une échographie, ou une scintigraphie peuvent être réalisés. Parfois, une ponction d’un nodule est également réalisée, permettant d’orienter vers un diagnostic. Ces examens doivent être intégrés dans votre dossier médical et être vus par votre chirurgien avant l’intervention.En quoi consiste la consultation pré-anesthésique ?La consultation anesthésique a lieu au minimum 48h avant l’intervention. L’anesthésiste fera le point sur votre dossier médical, vos antécédents et votre condition actuelle en vue de l’opération. Il répondra à vos questions sur les risques et le déroulement. Si nécessaire il vous donnera des consignes en vue de l’arrêt transitoire de médicament pouvant être dangereux lors de la chirurgie, comme les anticoagulants.De quelle anesthésie devrais-je bénéficier ?La thyroïdectomie se fait sous anesthésie générale.Combien de temps l’intervention dure-t-elle en général ?Cette opération a une durée très variable, de 2h à plusieurs heures si des ganglions doivent être retirés également.Est-ce que la chirurgie ambulatoire est possible ?La plupart du temps, cette opération nécessite une courte hospitalisation. Certains centres proposent néanmoins de plus en plus la chirurgie ambulatoire pour certains types de patients. C’est donc variable et n’impactera pas les résultats de votre opération si cela vous est proposé.Comment se déroule l’intervention ?Une incision de quelques centimètres, horizontale, dans un pli du cou est réalisée. La glande thyroïde est située en bas du cou, en avant de la trachée. Elle est composée de deux lobes et d’un isthme (schéma). Selon la pathologie, on réalise l’exérèse isolée du nodule, une lobo-isthmectomie, une thyroïdectomie subtotale ou une thyroïdectomie totale. Votre chirurgien décidera de la technique précise qu’il utilisera en fonction de votre morphologie, des données des examens réalisés au préalable et de ses constatations pendant l’opération.La pièce opératoire est envoyée en analyse histologique pendant ou après l’intervention, pour évaluer la nature du ou des nodules. Enfin, si la tumeur est maligne, le chirurgien devra réaliser durant l’intervention l’exérèse des ganglions en avant de la trachée et le long du cou. Il existe deux nerfs, appelés nerfs récurrents, qui constituent un des principaux risques de l’intervention. Ces nerfs sont situés entre la thyroïde et la trachée, de part et d’autre de celle-ci. Ils innervent les cordes vocales, et peuvent être lésés lors de l’intervention. La fermeture s’effectue selon les différents plans musculaires et cutanés. La fermeture de la peau est au choix du chirurgien : fils résorbables ou colle. Un drain de redon peut être mis en place durant 24 à 48h en post opératoire, afin d’évacuer le sang stagnant dans la loge de thyroïdectomie. Rappel : Où se situe mon problème ?Partie du corps concernéeLa thyroïde est une glande endocrine située à la partie inférieure du cou, en position médiane, en avant des voies respiratoires (trachée). Elle est constituée de deux lobes, reliés par un isthme.Elle joue un rôle principalement dans le métabolisme de l’iode et du calcium. Cette glande est par ailleurs entourée de quatre petites glandes parathyroïdes qui sont également indispensables dans la régulation du calcium de notre corps. Quel est le problème ?En cas de dysfonctionnement de la glande thyroïde, il peut survenir des situations d’hyper ou hypothyroïdie. Si le traitement médical est insuffisant, une prise en charge chirurgicale est indiquée.Parfois, des nodules dits « froids » (sans contexte d’hyper ou d’hypothyroïdie) peuvent se développer au sein de la thyroïde. Ces nodules sont très fréquents dans la population (40% de la population générale en possède). Ils peuvent présenter à l’examen clinique, à l’échographie, ou à la scintigraphie des critères de malignité. Dans ce cas, une intervention chirurgicale est indiquée afin de préciser la nature du ou des nodules. Quels sont les différents traitements ?Le traitement d’une hypo ou d’une hyperthyroïdie est avant tout médical. Plusieurs pathologies peuvent en être responsables, et leur traitement permettra la guérison. En cas d’inefficacité du traitement médical, un traitement chirurgical peut être proposé.Les nodules thyroïdiens dits « froids », c’est à dire sans hypo ou hyperthyroïdie associée, sont quant à eux possiblement malins. Plusieurs critères lors de l’échographie ou du scanner permettent au chirurgien d’évaluer la malignité d’un nodule : sa taille, son homogénéité, sa consistance, son nombre, sa vascularisation, la présence de ganglions associés. Selon ces critères, une intervention chirurgicale peut être proposée, afin de retirer ce nodule mais également d’obtenir un diagnostic de certitude. Pourquoi faut-il opérer ?Afin d’obtenir un diagnostic certain, en cas de nodule suspect, et de pouvoir traiter précocement un cancer.Afin de traiter l’hyper ou l’hypothyroïdie sile traitement médical est inefficace. En cas de gêne esthétique, s’il s’agit d’un goitre (hypertrophie de la glande thyroïde). Et au réveil, où serai-je ?Après l’opération vous serez en salle de surveillance post-interventionnelle ou salle de réveil. L’objectif est de s’assurer de la reprise de vos fonctions après l’anesthésie générale. Sauf problème majeur, vous remonterez rapidement dans votre chambre d’hospitalisation.Vais-je avoir mal ?Le plus souvent la douleur liée à l’intervention est très rapidement soulagée. Des douleurs post-opératoires au niveau du cou persistent jusqu’à 2 à 3 jours après l’opération. Des antalgiques de différentes intensités vous seront donnés en fonction de votre propre ressenti de la douleur. Si la douleur persiste, parlez-en avec votre médecin qui donnera des consignes à l’équipe de nuit.Que puis-je attendre de l’intervention ?En cas de nodule découvert à l’examen clinique ou lors d’une imagerie, l’objectif est de préciser la nature du nodule en retirant tout ou partie de la glande thyroïde.S’il s’agit d’une thyroïdite (hypo ou hyperthyroïdie) résistant à un traitement médical, l’objectif est l’éradication de la maladie. Attention cependant, en cas de thyroïdectomie totale, une hypothyroïdie définitive est créée, nécessitant une substitution par hormones thyroïdiennes à vie. Quels sont les risques ?Les risques liés à la chirurgie de la thyroïde existent mais sont faibles.Comme pour toute intervention chirurgicale, il peut y avoir des complications liées à l’anesthésie générale et qui dépendent de l’état du patient et des pathologies associées qu’il présente. Dans les heures qui suivent l’intervention, il existe un risque dit « hémorragique ». Un hématome peut se constituer dans le foyer opératoire et entrainer de violentes douleurs,ainsi qu’un gonflement du cou. Le risque est lié à la compression des voies respiratoires situées derrière la thyroïde retirée. Il faut alors ré-intervenir en urgence pour évacuer l’hématome. Lors de l’intervention, le chirurgien travaille tout près du nerf récurrent. Ce nerf a pour principale fonction la mobilité du larynx, c’est à dire des cordes vocales. En cas de lésion de ce nerf, de manière unilatérale, il peut survenir en post opératoire une modification de la voix, appelée dysphonie. Une rééducation orthophonique est parfois nécessaire en post opératoire. Le risque est plus important lorsqu’on réalise une thyroïdectomie totale : dans ce cas il existe un risque de léser les deux nerfs récurrents, présents derrière chacun des lobes thyroïdiens. Il peut alors survenir une gêne respiratoire, du fait de l’absence de mobilité des cordes vocales. Ce risque est très exceptionnel, et bien surveillé aussi bien durant l’intervention que lors de la période de surveillance en salle de réveil. Il peut survenir également une hypocalcémie en post opératoire, liée à l’atteinte des glandes parathyroïdes, au nombre de quatre, situées à la partie postérieure de la thyroïde, qui régulent le métabolisme du calcium. Des dosages de calcémie sont réalisés après l’intervention. Il vous faut signaler à l’équipe médicale et paramédicale si en post opératoire vous ressentez des crampes, des fourmillements des mains, des jambes, de la bouche. Des comprimés de calcium vous seront administrés en fonction de vos symptômes et des résultats des prises de sang. Il existe également un risque d’Infection, soit superficielle au niveau de la cicatrice, qui peut être traitée avec des soins locaux, soit plus profonde et entrainer une ré-intervention. Ce risque infectieux est cependant très faible. Quels seront les soins nécessaires ?Il faudra protéger la zone opérée. Si le chirurgien a utilisé de la colle pour la fermeture cutanée, cette colle tomberaau bout d’une semaine, et aucun soin n’est nécessaire en post opératoire. Il suffira simplement de ne pas frotter la cicatrice durant la douche.Si la fermeture cutanée est réalisée avec du fil non résorbable, des petits pansements sont mis en place, ils tombent spontanément en une semaine, et la cicatrice peut rester à l’air par la suite. Une protection totale du soleil est recommandée dans les suites de l’intervention. Par ailleurs, en cas de thyroïdectomie totale, vous prendrez à vie un traitement de substitution en hormones thyroïdiennes, adapté à votre poids, afin d’éviter une hypothyroïdie post opératoire. Aurai-je une cicatrice ?Vous aurez une cicatrice de quelques centimètres en bas du cou. La cicatrice devra nécessiter une attention particulière dans les premiers jours pour éviter l’infection, et dans les semaines qui suivent pour une parfaite cicatrisation : pas de bains prolongés, et une protection totale du soleil. Certains patients présentent en post opératoires des adhérences au niveau de la cicatrice, ou une cicatrice épaissie, voire chéloïde. En fonction de l’état cicatriciel, des traitements locaux sont parfois proposés.Combien de temps vais-je rester coucher ?Généralement, le premier lever se fait le jour même de l’opération, environ 4 à 6h après l’intervention à l’aide du personnel soignant (infirmiers, kinésithérapeutes).Quel sera mon délai de rétablissement ?En l’absence de complications liées à l’intervention, le délai de rétablissement est de deux semaines.Pourrai-je conduire, faut-il me faire raccompagner ?Vous ne pourrez pas conduire immédiatement, quelqu’un devra vous accompagner pour la sortie. La reprise de la conduite automobile, tout comme le sport, sera déterminée par votre chirurgien.Quand est-ce que je peux rentrer chez moi ?La sortie se fait en moyenne 2 jours après l’opération. La période de convalescence consiste en un repos relatif, avec reprise progressive des activités. L’arrêt de travail est en général de 2 semaines.Est-ce que je vais être immobilisé ?Il n’y a pas d’immobilisation stricte nécessaire.Quelle sera ma mobilité après l’opération ?La mobilité globale est conservée, seule la mobilité du cou peut être gênée du fait de la douleur et de la cicatrisation, dans les premiers jours suivant l’intervention.Aurai-je un arrêt de travail ?Un arrêt de travail de quelques semaines est généralement prescrit. La durée de convalescence dépend de la nature de la lésion, de votre profession et de votre rétablissement post-opératoire.Quand reverrai-je le chirurgien ?Vous reverrez votre chirurgien lors de la visite de contrôle environ deux semaines après l’intervention. Il vous remettra les résultats de l’analyse de la pièce opératoire, jugera avec vous de son efficacité, des traitements à poursuivre et de la reprise du travail / des activités.Avertissement : Cette fiche a été rédigée par un chirurgien spécialiste de ce type d’opération. Cependant, selon la gravité des pathologies et votre profil, certains éléments peuvent être amenés à être modifiés par votre chirurgien. Dans tous les cas c’est à son avis qu’il convient de se référer. La section commentaire est fermée.
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Septembre 2017
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