La mesure N°40 du Plan Cancer de 2005 prévoit que « Tout patient atteint de cancer doit pouvoir bénéficier, au début de sa maladie et/ou en cas de récidive, d’un dispositif d’annonce organisé, qui doit être mis en place dans tous les établissements traitant des patients atteints de cancer ». Cette annonce va avoir un effet fondateur sur relation que vous allez tisser avec votre médecin référent et définira la qualité des liens qui s’établiront tout au long du processus de la prise en charge. Pourquoi est-ce un événement à part ?Si elle permet souvent de mettre fin à une période d’incertitude et de couper court à des suppositions ou des interprétations erronées, l’annonce d’un cancer est également vécue par les patients et leurs proches comme un événement traumatique qui engendre des mécanismes de défense propres à chaque individu. L’émotion est tellement forte lors de la première annonce que vous n’allez entendre, bien souvent, qu’une partie de ce qui vous est expliqué.Cet effet de sidération est l’une des raisons pour lesquelles a été mis en place un « dispositif d’annonce » au sein duquel l’annonce diagnostique initiale n’est que le premier temps d’un processus plus long, ponctué d’étapes qui vous permettront de bien intégrer l’ensemble des informations délivrées et de rencontrer les intervenants qui vous suivront pendant votre parcours thérapeutique : médecin(s), personnels infirmiers et équipe impliquée dans les soins de support. Les différentes étapes du processus d’intégration de la nouvelle qui vient de vous être donnée concernant votre état de santé peuvent prendre plusieurs formes : le choc, la colère, la dénégation, voire le déni, le marchandage, la dépression et enfin l’acceptation. Si ce processus n’est pas uniforme et varie selon les personnalités et les situations, il y a cependant une constante qui est observée chez tous les patients : le besoin d’être entendu, compris et accompagné à son rythme. Comment arrive-t-on à supporter l’annonce d’un cancer ?Les mécanismes de défense que vous allez peut-être développer ont une fonction de protection indispensable face à une situation ressentie comme trop douloureuse pour être acceptée en l’état. Il ne faut donc pas penser qu’il s’agit d’un comportement anormal ou pathologique. Leur fonction est de rendre la situation plus tolérable et il faut donc les accepter pour ce qu’ils sont : un bouclier contre l’angoisse.Par ailleurs, ces mécanismes ne sont ni systématiques ni figés une bonne fois pour toutes. Ils ne cessent d’évoluer. En fonction de votre personnalité, de votre vécu et de la situation, vous pourrez adopter différentes attitudes et passer de l’une à l’autre au fil du temps. Les plus fréquentes sont au nombre de cinq. Quelles sont les 5 attitudes les plus fréquentes ?- L’isolation : le patient est capable de reprendre les explications que le médecin lui a données au cours de la consultation d’annonce et d’évoquer l’évolutivité de sa maladie, ainsi que sa mort sans manifester d’angoisse apparente, comme s’il n’était pas concerné. Dans ce cas, la charge affective est séparée de la représentation à laquelle elle était attachée.- Le déplacement : le patient utilise des images et des moyens détournés pour évoquer une réalité vécue trop angoissante. Il va par exemple expliquer combien il lui était difficile de se déplacer pendant deux mois l’année où il s’est cassé la jambe au ski pour ne pas évoquer frontalement le fait que sa tumeur cérébrale l’a privé de l’usage de ses jambes. - La projection agressive : le patient projette l’angoisse ressentie sur son entourage proche ainsi que sur le médecin et les soignants qui le suivent sous forme d’agressivité. Bien que cela soit parfois compliqué, il ne faut pas que ces derniers se sentent personnellement mis en cause et comprennent qu’il s’agit d’un mécanisme de protection, d’une stratégie mise en œuvre face à une souffrance psychique trop intense. - La régression : le patient laisse son entourage prendre à son compte les démarches et répondre à sa place aux questions du corps médical. C’est une façon pour lui de ne pas devoir se confronter à une situation qui est, pour le moment, trop difficile à assumer. - Le déni : le patient se comporte comme si rien ne lui avait été dit. Ce phénomène se met généralement en place face à une angoisse massive que la personne est incapable de traiter en l’instant. Dans la plupart des cas, le déni est partiel et transitoire. Il s’estompe au fil du temps. Dans tous les cas, il faut bien comprendre que l’annonce d’un diagnostic de cancer est toujours un événement à part dans l’histoire personnelle d’un individu. Les équipes médicales et soignantes qui interviennent dans ce dispositif ont été formées à la hauteur de l’enjeu qu’il représente et savent qu’il faut du temps avant que cette information soit pleinement intégrée. Elles connaissent parfaitement les conséquences qu’elle entraîne chez le patient et sauront vous guider pour que vous les surmontiez au mieux. Les explications vous seront données autant de fois que nécessaire avant que vous ne preniez les décisions qui engagent votre santé et rien ne sera entrepris sans votre consentement éclairé. Il est également de votre droit de demander un deuxième avis médical, si vous le souhaitez. Les professionnels de santé sont maintenant mieux formés pour annoncer à un patient qu’il a un cancer, dans le cadre du dispositif d’annonce organisé. Auteur : Alix du Couëdic
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Mars 2018
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